Si vous avez regardé la ronde finale de l'événement Texas Valero Open du PGA dimanche, vous avez été témoin d'une incroyable démonstration de golf de Denny McCarthy où il a clôturé le dernier 9 trous avec sept birdies consécutifs pour finir à égalité en tête et se diriger vers une éllimination avec le futur vainqueur Akshay Bhatia.
Sept birdies d'affilée??? C'est incroyable! De toute évidence, McCarthy était dans la zone, on pouvait le voir dans ses yeux alors qu’il marchait sur le terrain. À mesure que chaque putt de birdie tombait, son champ de force déclenché par la zone semblait devenir de plus en plus fort. C'était un homme en mission et rien n'allait l'arrêter. Jusqu'à ce que quelque chose l'arrête, apparemment, c'était un insect.
Si vous n'avez pas vu le tournoi, Bhatia en a fait assez pour conserver son avance pendant la majeure partie du tournoi, malgré la pression d'un McCarthy en charge, et a réussi son propre putt d'oiselet sur le dernier trou pour égaliser pour la tête et se diriger vers l'élimination. On pourrait penser que McCarthy, compte tenu de sa performance digne d’un dieu du golf, aurait l’avantage du momentum avant l'élimination, mais voici le problème de « la zone », également appelée état de flow. Lorsque vous y êtes, il est incroyablement puissant et peut vous permettre d’atteindre des performances optimales. Mais cela peut facilement être perturbé, comme exemple, ce qui est arrivé à McCarthy lors du premier trou d'élimination.
Les deux joueurs ont donc frappé leurs drives, et tous deux ont fini par viser le fairway avec leurs deuxièmes coups au long par 5, préparant un coup d'approche. C'est là que les choses ont commencé à devenir perturbatrices pour McCarthy. Apparemment, Bhatia s'est blessé à l'épaule alors qu'il célébrait son précédent putt de birdie, et il a donc appelé son entraîneur à venir sur le terrain pour le soigner. Je ne savais même pas que c’était permis au golf ! On le voit tout le temps au tennis, mais c’était la première fois que je le voyais dans un événement de golf. Mais le travail de l'entraîneur a eu lieu après que McCarthy ait réussi son troisième coup, qui était un coup manqué et qui est tombé à l'eau à seulement 90 verges du vert. Il finirait par rater son cinquième coup et Bhatia réussissait un birdie pour la victoire. Hein? Comment un joueur peut-il passer de sept birdies consécutifs et paraître pratiquement inarrêtable à commettre cette énorme erreur qui lui a finalement coûté le tournoi ?
En tant que coach de performance, j'aime voir ces moments, car ils offrent une fenêtre incroyable sur les hauts et les bas de la performance humaine et nous offrent des opportunités d'en tirer des leçons et, espérons-le, de trouver des moyens d'éviter que cela n'arrive aux autres. Si vous jouez au golf depuis assez longtemps, cela vous est également arrivé: rater le coup le plus facile au moment le plus important. Mais voir cela se produire au niveau de la PGA ?
Selon McCarthy, et je cite : "J'aimerais pouvoir jejouer ce coup (sans blague). J'ai reculé plusieurs fois. Il y avait un insect sur ma balle et du bruit dans la foule et l'insect est revenu sur ma balle. J'aurais probablement dû reculer à nouveau, mais je pensais que je ne pouvais pas me laisser distraire et peut-être que ça l'a fait un peu. C’est peut-être une expérience d’apprentissage pour moi, mais dans l’ensemble, je me suis très bien comporté aujourd’hui."
Il y a tellement de choses à apprendre de cette citation et de son expérience globale. Premièrement, maintenir ce niveau de concentration a un coût biologique. Le flow, ou être dans la zone, est un état neurochimique alimenté par un puissant cocktail d'acteurs comme la dopamine, la noradrénaline, les endorphines, les cannabinoïdes et la sérotonine. Plus nous restons en flow longtemps, plus ces substances neurochimiques peuvent s’épuiser. Ainsi, lorsque McCarthy a quitté le green du 18e, en direction du premier trou éliminatoire, il a sans doute dû éprouver une certaine forme de fatigue physique et mentale étant donné le niveau de concentration et de performance qu'il venait d'éprouver.
Comment se sentait-il sur le tee du premier trou éliminatoire? Qui sait. Il n’a pas réussi le meilleur drive, mais cela n’avait pas vraiment d’importance puisqu’il allait probablement viser le fairway pour son deuxième coup de toute façon, ce qu’il a fait sans aucun problème. Voici où je pense que les choses ont mal tourné. Alors qu’il se préparait pour son troisième coup, il n’était plus dans la zone. Bhatia avait demandé son entraîneur, distraction numéro un. Puis il a parlé d'un insect sur sa balle, d'un bruit dans la foule et du retour de l'insect sur sa balle. Lorsque vous êtes dans la zone et complètement concentré, les bruits de la foule ne vous dérangent pas. Le problème de l'insect devait être résolu, mais ce qui lui manquait dans ces circonstances, c'était un "déclencheur de flow", un moyen de gérer ces distractions, puis de retrouver son chemin vers la zone, de revenir à la mise au point absolue, avant de frapper ce coup. Quand il dit « J’aurais probablement dû reculer encore… », absolument! Mais pas seulement reculer. C’est à ce moment-là que vous avez besoin d’une routine pré-élan, un rituel programmé qui vous permet d'être en pleine conscience, d’activer votre corps et de revenir à un état de performance optimal.
Après ce deuxième « incident d'insect», il aurait pu prendre du recul et se concentrer sur une profonde respiration pour calmer son système nerveux et concentrer son esprit. Il aurait pu répéter une affirmation positive pour vider son esprit de toute négativité due aux distractions. Il existe de nombreux protocoles basés sur les performances qu’il aurait pu utiliser à ce moment-là, mais au lieu de cela, il a hésité juste assez pour qu’un soupçon de doute s’installe et le reste appartient à l’histoire.
Félicitations à Akshay Bhatia pour être resté concentré pendant l’incroyable charge de McCarthy. Et félicitations à McCarthy pour une performance aussi incroyable, même s'il a manqué la gloire par un seul coup. Le principal point à retenir ici est que quel que soit le niveau de golf auquel vous jouez, il y aura de bons et de mauvais jours, de bons et de mauvais coups, et de temps en temps, vous pourrez expérimenter la magie du flow. Mais le flow n'est pas magique, c'est un état de performance qui s'appuie sur des tonnes de données scientifiques, et une fois que vous comprenez comment il fonctionne et surtout comment l'exploiter lorsque vous en avez le plus besoin, vous pouvez éviter les distractions, vous enfermer dans un état concentré et potentiellement jouer votre meilleur golf.
Patrick Sébastien
Coach de performance
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